Zimbabwe : déclaration de M. Josep Borell, Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères (19 février 2021)
Zimbabwe : déclaration de M. Josep Borell, Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères
L’Union européenne (UE) se félicite des nouvelles possibilités de poursuivre le dialogue et la coopération avec le Zimbabwe et réaffirme son ambition d’établir une relation plus constructive.
L’UE rappelle les conclusions du Conseil du 17 février 2020 et note avec inquiétude que la crise aux multiples facettes et prolongée que traverse le Zimbabwe s’est encore aggravée.
L’absence de réformes de fond s’est traduite par une détérioration constante de la situation humanitaire, économique et sociale. Les violations des droits de l’homme et la restriction de l’espace démocratique persistent également. L’UE est particulièrement préoccupée par la multiplication des arrestations et des poursuites à l’encontre de journalistes, d’acteurs de l’opposition et de personnes exprimant des opinions dissidentes, ainsi que par le recours, de la part de hauts fonctionnaires, à un discours qui pourrait être interprété comme une incitation à la violence.
Le gouvernement zimbabwéen s’est engagé à respecter pleinement ses obligations constitutionnelles et internationales en matière de droits de l’homme, qui impliquent le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, y compris la lutte contre l’impunité. Les auteurs de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits devraient être rapidement traduits en justice et les recommandations de la commission d’enquête Motlanthe devraient être mises en œuvre en priorité et de toute urgence.
Compte tenu de ses préoccupations persistantes, l’UE a réexaminé ses mesures restrictives, rappelant que celles-ci avaient pour objectif d’encourager les autorités zimbabwéennes à s’engager de manière tangible, véritable et à long terme à respecter et à faire respecter les droits de l’homme et l’état de droit. L’UE a décidé de renouveler son embargo sur les armes et de maintenir un gel ciblé des avoirs à l’encontre d’une entreprise, Zimbabwe Defence Industries, en tenant compte de la situation au Zimbabwe, y compris du rôle de certains membres des forces de sécurité dans les atteintes aux droits de l’homme, qui doit encore faire l’objet d’une enquête. Les mesures restrictives visant trois personnes demeurent suspendues. L’UE continuera de suivre de près l’évolution de la situation, en accordant une attention particulière à la situation des droits de l’homme, et rappelle qu’elle est disposée à réexaminer et à adapter l’ensemble de ses mesures en conséquence.
Les mesures en question ne touchent pas la population du Zimbabwe, l’économie du pays, ses investissements étrangers directs ou le commerce, et les exportations du Zimbabwe continuent de bénéficier d’un accès en franchise de droits et sans contingent au marché de l’UE. Des négociations sont par ailleurs en cours en vue d’approfondir l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Afrique orientale et australe. L’accélération des réformes politiques et économiques, le respect des droits de l’homme, le renforcement de la confiance dans l’état de droit et la lutte contre la corruption contribueraient de manière significative à la confiance des investisseurs, créeraient un climat des affaires stable et aideraient le Zimbabwe à tirer pleinement parti des possibilités offertes par l’APE.
L’UE répète qu’elle est disposée à soutenir des réformes économiques et politiques crédibles et durables, fondées sur des engagements concrets pris par le gouvernement zimbabwéen.
L’UE considère la réforme électorale comme un élément important pour renforcer la démocratie au Zimbabwe, et elle est prête à poursuivre son soutien dans ce domaine, conformément aux recommandations formulées par la mission d’observation électorale de l’UE de 2018.
La population du Zimbabwe continuera de bénéficier du soutien de l’UE, qui a fourni au cours des sept dernières années plus de 366 millions d’euros pour le développement du pays et 68 millions d’euros d’aide humanitaire, y compris une aide spécifique pour la lutte contre la pandémie de COVID-19.
La prochaine session du dialogue politique avec le Zimbabwe sera l’occasion d’échanger des points de vue et d’approfondir la compréhension mutuelle ainsi que de rechercher une coopération constructive.
Source : communiqué de presse du Conseil de l’UE - 19 février2021